Il y’a quelques semaines je vous ai présenté “Power Lunch : déjeuner épicé” la pièce qui se joue actuellement sur les planches du Théâtre Clavel. J’ai assisté a une représentation samedi soir. D’emblée, le décor est planté : les comédiens de l’atelier de la création la compagnie des hommes papillons déambulent (à un rythme rappellant la fourmilière matinale du départ au bureau) dans un décor abstrait sous un jeu de lumière tamisée et sur une musique rythmée composée par Aube Lalvée. S’en suit la prise de possession des chaises symbolisant le pouvoir et auxquelles chacun semble être attaché.
Inspiré de la pièce d’Alan Ball, Christophe Botti redéfinit les codes féminins/masculins au travers des échanges entre chaque couple qui vont s’intervertir tout au long du spectacle. Chaque personnage tient une place différente dans la hiérarchie sociale et fait valoir par son féminisme ou sa masculinité son rapport à la domination. Avec beaucoup d’intelligence, et en tournant avec brio et dérision les différentes caractéristiques qui différencient l’homme et la femme, les comédiens nous invitent à la réflexion sur les inégalités des sexes. Les prises de positions, les attitudes, les joutes échangées nous plongent parfois dans des situations embarrassantes (mais souvent avec humour) nous conduisant dans un délire schyzophrène ne pouvant donner tort ni à l’homme ni a la femme. C’est ainsi, d’un côté les femmes revendiquent, de l’autre les hommes pensent par nature qu’ils sont supérieurs et éprouvent souvent le besoin de le démontrer par des actes machistes ou vantards. Mais ne nous y trompons pas, au fil des situations les plus cocasses et des chorégraphies les plus sensuelles, les personnages féminins démontrent que la séduction et la manipulation permettent de rivaliser à armes plus ou moins égales. Le personnage du serveur, par sa complexité, à la fois androgyne et transgenre intrigue et bouleverse les autres protagonistes en les menant à réflechir sur l’identité. Entre désir et révulsion, proximité et contradiction, Christophe Botti mène d’une main de maître les comédiens à la braguette entre plaisir et consternation.
J’ai beaucoup aimé la pièce. L’ensemble des comédiens sont excellents dans les rôles qui leur ont été confiés. La mise en scène est remarquable. Le décor épuré tient de son importance, car les acteurs échangent souvent a distance : il faut faire abstraction de ceux qui sont sur leur chemin, faire comme si ils n’étaient pas là : vous savez, comme quand vous regardez au dessus de l’épaule de quelqu’un sur la pointe des pieds dans le métro pour voir ce qu’il se passe un peu plus loin….Pour autant il ne faut pas totalement s’en défaire, car leurs silences, leurs mimiques et leurs attitudes pèsent sur l’impact des messages. Musiques et chorégraphiess sont en parfaite corrélation. Et puis quel plaisir de revoir Fabienne Egal ! Mention spéciale à Marion Isvi, je lui décerne le leumpcla d’or, mais l’ensemble des comédiens mérite vraiment que l’on aille s’asseoir à sa table et que l’on paye l’addition : 15€, à ce prix là vous reprendrez bien un Ball de Botti !
“Power Lunch” se joue sur les planches du théâtre Clavel du 15 au 31 mai 2014.
Réservations :
resa.powerlunch@gmail.com
06 65 96 64 18
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Mise en scène :
Christophe Botti
Chorégraphie :
Benjamin Castaneda
Musique :
Aube Lalvée
Assistante à la mise en scène :
Françoise Levesque
Scénographie :
Julien O
Distribution :
Fabienne Egal, Laurent Bellini, Geoffrey Suberville, Marion Isvi, xandra Dugot, Jean-Marc Dethorey, Louise Piovesan, Nicolas Evrard, Hoël Le Corre, Valentin Grisou